Africa FootGoal : Bonjour Monsieur Riad, vous ne pensez pas que le streaming peut tuer les droits de diffusion télé ?

Riad Ait Aoudia : Le streaming illégal, puisqu’on parle de celui-là, on ne parle pas du streaming légal, oui il peut le tuer, bien entendu, parce que qui va acheter surtout un produit payant lorsqu’on peut le trouver gratuitement impunément, puisqu’il y a très peu de risques aujourd’hui lorsque vous regardez ça. Je dirais que la solution au streaming illégal ce serait le streaming légal. Ça veut dire que les grands acteurs des médias ou de la technologie, ce qu’on appelle les GAFA, qui commencent d’ailleurs à s’y intéresser, mais pas assez je dirais, puissent apporter une solution qui ferait des revenus supplémentaires. Mais bien entendu, si vous avez un magasin et que tout le monde peut venir se servir sans payer, votre magasin ne va pas durer longtemps, vous êtes d’accord avec moi ?

Africa FootGoal: Vous pouvez nous mesurer l’impact de la covid-19 sur les clubs africains du point de vue marketing ?

RAA : Économiquement je ne saurais pas, je sais qu’il y avait un travail qui a été fait par le Forum des Ligues Mondiales. Le Forum des Ligues Mondiales avait mis en place une équipe qui tout simplement échangeait les informations, et on a pu voir du coup la situation des ligues mondiales, enfin des ligues africaines qui pouvaient jouer et qui pouvaient ne pas jouer. Mais vous savez j’ai entendu quelque chose d’étonnant, on a un investisseur ici à qui on a demandé d’investir beaucoup et d’acheter un club et il nous expliquait qu’il perdait moins d’argent, tellement la situation était compliquée, qu’il perdait moins d’argent quand il ne jouait pas. Je ne comprends pas pourquoi mais c’était un peu le cas. Globalement, bien entendu, si une équipe ne joue pas, les recettes de billetterie je dirais en Afrique, il me semble qu’elles sont faibles. Bien entendu si vous n’avez pas de revenu les effets sont catastrophiques. Paradoxalement le fait qu’en Afrique peut-être parce que l’Etat soutient tout cet écosystème, peut-être que l’effet du covid est moins dramatique qu’ailleurs. Mais c’est pour les mauvaises raisons, c’est parce que les revenus du marché sont faibles.

Africa FootGoal : Une dernière question. Quel est votre avis sur l’initiative Africa FootGoal ?

RAA : C’est un grand plaisir de parler à mes frères du continent. On n’a pas assez l’occasion d’en parler. Sur cette histoire de droits, on se plaint toujours que d’autres personnes ont décidé que nous en Afrique de Nord on devait dépendre de marchés qui ont d’autres revenus, puisque nous sommes obligés d’acheter les compétitions de l’Afrique à des médias qui ne sont même pas en Afrique et c’est quand même parfois un peu incompréhensible. Nous constatons que certaines problématiques sont similaires et en tout cas échanger avec des panélistes aussi sympathiques, aussi professionnels que vous et répondre aux questions, alors si les gens souhaitent me poser des questions ils sont tous les bienvenus, c’est un plaisir. Je dirais au Professeur (intervenant sur le même panel) que s’il a des bons profils de gens qui ont l’expérience qui sont au Sénégal, qui ont de bons profils de marketeurs et tout ça nous sommes toujours demandeurs. Nous pensons qu’après tout le football algérien a pas mal de joueurs qui viennent d’Afrique sub-saharienne mais il aurait peut-être aussi besoin pas que des jambes mais aussi des cerveaux bien formés que vous avez chez vous. On en a vraiment besoin. J’espère que cette initiative se poursuivra et se répétera. Je crois que les échanges sont très faibles entre les pays Africains, c’est l’un des grands problèmes, c’est son principal problème on pourrait dire. Nous sommes parfois dépendant économiquement de gens qui ne sont pas dans notre continent. Est-ce que c’est à cause de nous où à cause d’autres personnes, c’est bien entendu un peu des deux. Donc les hommes qui ont pris cette initiative bien qu’ils soient remerciés par nous tous, par moi en tout cas, et je pense qu’ils font du bien à leur continent et à leurs frères.

Africa FootGoal : Merci beaucoup et à bientôt.