Africa FootGoal : Bonjour
M. Aboubacry Ba, on aimerait recueillir votre impression par rapport à la
pertinence de ce thème sur le football et les droits commerciaux…
Aboubacry Ba : C’est un
thème d’actualité donc merci pour la question.
C’est un thème important. Vous l’avez entendu parce que finalement tout
part et tout revient à ces histoires de droits et d’interprétation des droits.
Je parlais tout à l’heure lors du panel de mon expérience, je suis passé un
tout petit peu on va dire de l’autre côté, mais je me suis dit quelque part
qu’on a perdu énormément de temps, peut-être même nous journalistes, en ne nous
intéressant pas d’emblée à ces questions de droits. Le Professeur Sakho
(intervenant sur le même thème) a parlé dans le panel d’une actualité qui est
devenue quasiment un marronnier pour nous. Chaque fois quand il y a une
compétition c’est les mêmes questions, qui doit vendre, c’est cher, qui doit
acheter, mais je pense qu’il y a des préalables qu’on a oubliés aujourd’hui en
Afrique. Je ne suis pas paneliste mais je voudrais peut-être quand même
soulever cette question maintenant en tant que responsable d’un média, c’est la
vente et la ventilation des droits TV en Afrique.
Africa FootGoal : Y a t-il
un bon modèle pour l’Afrique?
Aboubacry Ba: Je pense qu’on
copie des modèles qui ne sont pas adaptés à l’Afrique. Prenons l’exemple des
droits des compétitions de la CAF. Ça va peut-être paraître un peu ridicule
pour Riad (intervenant sur le même thème), les sommes que je vais donner.
Aujourd’hui on demande à une télévision africaine, télévision nationale
africaine, de payer 1 700 000 euros pour avoir la CAN. Mais ce qu’on oublie de
dire c’est qu’il n’y a pas que la CAN qu’ils achètent, ils achètent toutes les
compétitions de la CAF. Sur deux ans, ça représente un total de 268 matchs. Il
n’existe pas une seule télévision publique en Afrique qui peut consommer 268
matchs. Ce n’est pas possible avec tous les impératifs, le journal télévisé,
les activités du Chef de l’Etat, etc. J’avais applaudi des deux mains l’arrivée
de l’UAR, parce que le Professeur Sakho en parle, mais je pense que la
faiblesse aujourd’hui de l’UAR et de la politique de commercialisation de
l’UAR, c’est d’avoir privilégié les télévisions publiques. Aujourd’hui ce sont
les télévisions nationales. Ils ne peuvent pas consommer ces droits. Ce que
j’avais, et ce que j’essaie de faire comprendre à l’UAR mais plus
principalement à la CAF, qui a le droit de commercialiser ses propres matchs,
c’est d’essayer de voir qu’aujourd’hui ils ont besoin de 1 700 000 par pays. Au
lieu de dire qu’on a besoin de 1 700 000 par diffuseur, ils peuvent dire qu’on
a besoin de 1 700 000 par pays. Ce qui fait qu’aujourd’hui, si la télévision
nationale, et c’est légitime, peut consommer les droits des les matchs liés à
l’équipe nationale, ils vont payer une somme, mettons 800 000 euros, et il y a
toute une série de télévisions privées qui peuvent les uns payer 100 000, les
autres payer 200 000, les troisièmes une autre somme jusqu’à concurrence du 1
700 000. Ce qui fait qu’un, toutes les compétitions de la CAF seront vues dans
ce pays-là, et deuxièmement les télévisions nationales qui n’ont pas cet argent
ne vont pas se saigner à blanc et du coup les télévisions privées également
vont avoir accès à ce marché des droits. Donc quelque part il y a une réflexion
aujourd’hui à poser. L’ancien modèle où en était l’Afrique, chaque pays avec
une seule chaîne de télévision, ça pouvait marcher à cette époque-là, mais
l’évolution très rapide a fait qu’aujourd’hui on doit éclater ces droits pour pouvoir
tenir compte justement de ce que vous avez parlé tout à l’heure, de l’aspect
streaming, la diffusion sur les réseaux sociaux. La diffusion sur les
plateformes mobiles ne peut être prise en charge équitablement que si on arrive
à éclater ces droits. On a tout centralisé, on le confie à une seule télévision
qui dépense beaucoup d’argent et qui ne peut pas consommer tous ces droits.
Donc je pense qu’il y a des pistes de réflexion aujourd’hui qu’il faudrait
véritablement poser en essayant de s’adapter et ça, ça revient à ce que le
Professeur disait dans le panel et ce que tous les intervenants disaient, il
y’a une question de connaissance de la chose, il y a une question de formation
à faire véritablement pour que la réflexion puisse être profitable à tout le
monde.
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